Pourquoi un European Women Payments Forum ?
Jocelyne Mwilu : En fin d’année dernière, Hervé Sitruk, Président du FPF, a manifesté son inquiétude face à la sous-représentation des femmes dans le monde du paiement. En effet, le contraste est saisissant entre les nombreux talents que nous connaissance et le nombre limité de dirigeantes. Il nous a confié à Corina Fontaine et moi, la nécessité d’agir et de mettre en avant les femmes du paiement dans des actions plus concrètes, c’est-à-dire pour leur compétences et leu mérite dans le monde du paiement. Il n’a pas fallu que quelques mois afin de créer le groupe European Women Payments Forum, qui regroupe déjà une quarantaine de membres. J’ai voulu adhérer et co-animer ce groupe car je constate le manque de représentation des femmes dirigeantes dans le monde la finance en général et dans le paiement en particulier. Je suis convaincue que le fait de rendre les femmes dirigeantes plus visibles réduira cet écart.
Pourquoi selon vous y a-t-il si peu de femmes dirigeantes d’entreprise ?
J.M : Nous avons mené une étude avec deux assistantes dans mon entreprise sur les causes de cet écart. Et les résultats ont été édifiants : La première raison est d’ordre structurel ; en effet, une étude de McKinsey indique que la progression de la carrière des femmes est bloquée par ce qui est appelé l’échelon brisée (broken ladder). Ce phénomène décrit le fait que les femmes ont moins accès au premier niveau de promotion. Et cela continue tout au long de la carrière des femmes. Nous constatons également que les femmes ont une conception différente du pouvoir. Enfin, nous voyons que certains biais cognitifs ou relationnels, voire considérations à l’égard de leurs travaux, découragent les femmes d’embrasser ou de rester à des postes de direction. Nous développerons cette étude en détail lors de notre prochaine Rencontre le 9 novembre. Vous pourrez prochainement vous y inscrire et y participer.
Les femmes sont-elles encouragées à embrasser des postes de dirigeantes ?
J.M : France Payments Forum à travers ce groupe de travail veut se positionner comme un facilitateur et un contributeur à la promotion des femmes en mettant en avant des femmes dirigeantes. Pour cause, FPF applique ce qu’elle prêche : le secrétariat général est tenu par une femme Corina Fontaine ; la vice-présidence, en charge de la communication par mes soins. Nous attachons un soin particulier à mettre en avant des femmes dirigeantes dans notre domaine d’activité et à soutenir leurs entreprises :Nous distinguons des femmes telles que Martina Weimert CEO d’EPI, Marianne Demarchi CEO de Swift, Rita Camporeale VP de l’EPC, Nathalie Aufauvre SG de l’ACPR et bien d’autres femmes, qui montrent que les femmes ont toute leur place à la Direction des entreprises de paiement. Mais nous ne nous contentons pas de cela, nous voulons vraiment faire bouger les lignes. Car nous constatons que par exemple seule Arkea a à sa tête un binôme de deux femmes. De plus, nous constatons la pénurie de talents criant dans notre secteur d’activité, ce qui nous pousse de ce fait à encourager nos jeunes consœurs. Mais cela ne pas se faire sans prendre en compte de nouveaux paradigmes.
Quels sont les sujets importants pour cette rentrée ?
J.M : Une thématique qui va particulièrement m’intéresser, c’est le règlement européen sur la généralisation du paiement instantané. C’est un sujet majeur pour mon entreprise, et j’en ai fait le cœur de notre action en France. Je vous renvoie au Document de Position rédigé par le GT RED de notre association sur ce sujet qui donne l’avis de nos membres sur les apports et impacts de cette nouvelle règlementation. Nous organiserons des tables rondes à ce sujet, notamment une rencontre digitale en octobre prochain qui elle aussi promet d’être très riche. Mais surtout je vous invite à noter dans vos agendas le premier événement organisé le 9 novembre par le groupe European Women Payments Forum. Nous reviendrons sur la place des femmes dans le monde du paiement. Nous inviterons des figures féminines de renom et nous vous présenterons les résultats de l’étude précédemment citée, qui montre le lien entre certaines croyances, ou biais cognitifs et la progression de carrière freinée des femmes. Nous vous attendons nombreuses et nombreux dans ce groupe de travail et je finis sur un chiffre édifiant : les entreprises dirigées par des femmes seraient plus rentables de 32% selon Women Equity Partners.
Jocelyne Mwilu. Je suis CEO de PPI France, spécialisée dans les plateformes de paiement hybrides et innovantes utilisant la puissance de l’IA. Au cours de ma carrière, j’ai accompagné mes clients (banques, PSP et assurances européennes) dans la mise en œuvre de projets stratégiques visant à lutter contre la criminalité financière, à optimiser le traitement des flux financiers réglementaires, à rationnaliser des processus complexes ou à exploiter sur le plan commercial la data dans des groupes américains: FIS, Fiserv et autres… J’ai senti que les enjeux du paiement se situaient de plus en plus à un niveau régional, plus européen qu’américain, et j’ai souhaité avoir plus d’impacts.
Publications (extraits) :
- La Revue Banque: EPI une ambition européenne (Hervé Sitruk co-auteur)
- Forbes: Comment trouver un sens dans son travail et remobiliser
- Le Point :Paiements au service du grand nombre
- BFM : Leviers de croissance et accelération du Time to market dans les paiements
- Marie France : Le jour de la Journée de la Femme comment oser et prendre des risques pour booster sa carrière