Caty Vantrimpont, Directrice déléguée générale de STET
« L’écosystème des paiements est le reflet de notre société, où mixité et diversité sont sources de richesses et d’innovations »
EWPF : Avec comme bagage une double formation initiale, techni-que et commerciale, de haut niveau, vous avez œuvré depuis plus de 20 ans dans l’industrie de paiements. Vous avez un parcours très riche, vous conduisant jusqu’à la fonction de Directrice générale déléguée de STET.
Votre parcours est plus qu’inspirant, pourriez-vous nous le décrire en quelques lignes ?
Caty Vantrimpont : Après plusieurs années d’expérience, le chemin parcouru peut s’articuler autour de quelques mots : curiosité, opportunités et envie.
J’ai souhaité disposer d’une double formation initiale qui est une combinaison d’expertise technique, au sein d’une grande école d’ingénieur, et de compétences en gestion et finances, acquises dans une grande école commerciale, mais j’ai souhaité aussi travailler dans plusieurs pays européens, et j’ai eu l’occasion de le faire, et d’exercer de multiples fonctions dans les paiements. Derrière ce parcours qui pourrait paraitre inspirant, notamment pour les jeunes générations, il y a aussi pour moi des moments de doutes et d’incertitudes où l’on apprend à comprendre et accepter les différences, sa différence, à rebondir, voire à surfer sur la vague… c’est aussi ce qui m’a rendue plus forte et plus humaine à la fois. En fait, toutes ces expériences me permettent aujourd’hui d’aborder les paiements avec de nombreux angles de vision, industriel et business, national et européen, IT et financier, règlementaire et sécuritaire… ce qui me donne une perspective holistique riche et rare de cet écosystème des paiements qui est bouillonnant.
EWPF : Vous êtes très attentive et sensible à l’égalité de sexes dans l’entreprise, et dans l’industrie des paiements, qui exige des experts, les femmes ne sont pas encore suffisamment représentées. C’est pour certains une question de génération, et pour d’autres, une discrimination persistante. Face à ce constat, comment les choses peuvent-elles évoluer ? Parlez-nous des initiatives prises au sein de STET pour essayer de régler ce déficit ?
C.V : Chez STET, nous avons, comme beaucoup de nos pairs, enclenché des dispositifs d’accompagnement de la démarche égalité H/F : mesure de l’index égalité, politique d’accompagnement à la parentalité, versement de la taxe d’apprentissage à Becometech (1), signature de l’initiative StopE (2)…
En complément, la promotion de l’égalité nécessite de constituer des viviers de compétences, quel que soit leur genre et leur séniorité. Bien sûr, nous nous attachons à développer notre marque employeur pour susciter une attractivité de notre entreprise pour les jeunes diplômé(e)s. Mais, par ailleurs, nous pouvons parfois être confrontés à un sujet générationnel car les experts Paiements et IT que nous recherchons, sont ceux qui sont rentrés sur le marché il y a 10 ou 15 ans, qui à l’époque était très masculin… Aussi, pour créer une mixité, il faut accompagner individuellement nos collaboratrices entre 35-50 ans dans une gestion de carrière, en favorisant la transmission du savoir et de l’expertise et surtout la reconnaissance des compétences des femmes en soulignant les efforts à mener pour développer leur assertivité.
Enfin, toute initiative trouve sa légitimité dans l’exemplarité de chacun(e) dont les membres de la Direction générale : ne pas laisser passer les détails qui pourraient masquer les efforts réalisés, sensibiliser à la tolérance zéro sur le sexisme face aux comportements qui pourraient être acceptés de manière tacite ou silencieuse, appliquer rigoureusement l’équité salariale accompagnent ce mindset de mixité que l’on souhaite promouvoir de manière volontariste au sein de STET.
EWPF : Comment décririez-vous votre expérience en tant que femme travaillant dans une industrie où la technologie, le métier et les savoir-faire sont en pleine innovation ?
C.V : Cette expérience est toujours aussi riche et passionnante. En évoluant dans un secteur de technologie et d’innovation, j’ai retenu que les mots « apprendre » et « oser » prennent encore plus de sens. En effet, il s’agit de ne pas de craindre, de remettre en question ses acquis et de s’interroger régulièrement sur le futur modèle des paiements et ses enjeux.
Enfin si s’accorder le droit à l’erreur peut paraitre parfois difficile, il est primordial pour progresser. Mais ces conseils qui m’ont été transmis par mes mentors (hommes et femmes) pourraient tout autant se décliner au masculin ou au féminin.
EWPF : L’industrie des paiements connait depuis quelques années de vraies ruptures à la fois technologiques, réglementaires et humaines. Quels sont les sujets d’actualité qui vous préoccupent aujourd’hui ?
C.V : Le secteur des paiements est toujours en mouvement que ce soit au niveau du métier, des solutions ou des technologies. Il est vrai qu’en ce moment, de nombreux sujets émergent : déploiement de l’Instant Payment, Verification of Payee, Euro Digital, PSD3, … mais je n’oublie jamais que paiement et confiance sont consubstantiels. Ainsi, la lutte contre la fraude, la cybersécurité et les dispositifs qui permettent de protéger l’écosystème au bénéfice des clients finaux et des infrastructures sont toujours présents à l’esprit.
Pour ce faire, nous disposons d’outils règlementaires qui peuvent paraitre complexes à décliner mais qui sont nécessaires. Nous déployons aussi des technologies novatrices en nous appuyant sur le potentiel de l’intelligence artificielle ou sur notre capacité à superviser de manière plus automatisée et performante.
Néanmoins, les partenariats et la collaboration entre toutes les parties de l’écosystème, sont nécessaires et primordiaux face aux menaces qui me semblent de plus en plus sophistiquées.
1 – Association nationale pour les filles et les femmes, BECOMTECH œuvre à la mixité dans l’informatique et le numérique.
2 – L’initiative #StOpE regroupe plus de 140 organisations qui s’engagent à faire reculer le sexisme ordinaire dans les Entreprises
Cat Vantrimpont : Forte d’ une double formation d’Ingénieur (ENAC) et d’Ecole de commerce (ESSEC), Caty a débuté sa carrière au sein du Groupe Société Générale en France et en Italie, puis chez Visa à Londres. Elle a par la suite exercé de nombreuses fonctions au sein des activités Paiements du Groupe BPCE (Stratégie, Maitrise d’ouvrage, Risques, Secrétariat Général, Responsabilité de la BU Services & Processing) avant de rejoindre STET en 2019. Depuis 2020, elle en est la Directrice Générale Déléguée.
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